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Père d’une adolescente en quête d’un diagnostic

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Ma fille avait 10 ans lorsqu’elle a eu pour la première fois ses règles. Avec sa mère, nous l’avions sensibilisée, elle ne fut donc ni surprise, ni apeurée par ce chamboulement dans sa vie de jeune-fille.

Les trois années qui ont suivi, ces cycles étaient chaotiques, irréguliers et elle se plaignait de douleurs pendant ceux-ci.

Notre médecin nous a informé que cela n’était pas anormal au cours des premières années après l’apparition des règles.

Quelques années plus tard, suite aux décès de ma femme, je me suis retrouvée seul à élever mes enfants.

Les problèmes de cycle de ma fille n’avaient pas disparu, mais les médecins ont rapidement mis cela sur le compte du traumatisme qu’elle vivait. C’était en effet possible alors nous avons laissé cela de côté et elle a bénéficié d’une prise en charge thérapeutique, qui a été d’une grande aide psychologique, mais n’a rien changé face à ces problématiques.

Le sujet des règles, de sa santé de jeune femme n’a jamais été un sujet tabou, il n’était it pour autant pas simple de parler de ce sujet avec moi.

À ce moment-là, ne sachant pas comment l’accompagner, n’ayant pas de réponse à ses questionnements, elle consulte alors une gynécologue. Celle-ci pose rapidement le terme d’ovaires polykystiques et lui conseille de revenir le jour où elle désirera des enfants.

À presque 16 ans, elle ne désire pas d’enfants et n’est pas plus inquiète que cela puisqu’on l’informe que ce n’est rien de grave.

Je pense alors à ma femme qui a subi plusieurs fausses-couches et à connu l’infertilité, sans qu’aucun diagnostic ne soit posé et j’espère alors que ma fille ne subira pas tout cela.

Ma fille, auparavant sportive et ayant une alimentation équilibrée commence alors à prendre du poids, une dizaine de kilos, sans explications. Les douleurs lors de ses cycles menstruels sont toujours présentes, les troubles du sommeil, les migraines, font également leur apparition, mais aucun médecin ne s’inquiète davantage et elle choisit alors d’arrêter toutes prise en charge.

C’est une adolescente qui ne se sent pas comprise, qui néglige sa santé et qui parfois s’isole. En tant que père, c’était difficile pour moi et je ne comprenais pas ce qu’il pouvait se passer.

Nous n’avions pas Internet à la maison, ni même d’ordinateur, ce n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui.

Le réel diagnostic de ma fille a été posé, plusieurs années plus tard, à la suite d’une consultation en centre de procréation médicalement assistée (PMA) alors qu’elle faisait face à l’infertilité depuis plusieurs mois.

Elle obtient un diagnostic, mais très peu d’explications.

Un rendez-vous chez un endocrinologue viendra l’éclairer davantage, mais ce qui réellement lui permettra de comprendre cette pathologie, ce seront ses recherches personnelles.

Aujourd’hui après plusieurs années et plusieurs embûches avec ce que je considère personnellement comme une maladie, c’est une jeune femme épanouie et qui cohabite avec tout ces maux, mais cela reste pour autant pesant à certains moments et je ne peux m’empêcher en tant que père de m’inquiéter et parfois même de m’en vouloir de ne pas savoir comment l’accompagner.

Son adolescence a été bousculée par cette pathologie et sa vie d’adulte l’est également. Sa vie professionnelle, personnelle s’en trouve impactée. Moi-même, j’ai parfois manqué de compréhension lorsqu’elle refusait une invitation, j’ai moi-même été parfois lourd en lui demandant quand est-ce que j’aurais des petits enfants, sans me rappeler la souffrance que tout cela pouvait lui générer.

Sa quête vers le SOPK qui a commencé à l’adolescence n’a pas été simple et ma place dans cet accompagnement non plus. Le plus difficile a été le non-accompagnement des médecins et le fait de ne pas trouver de réponses, cependant le fait de l’entourer du mieux que nous pouvons a certainement été d’une précieuse.